Comme pour le spinning, j’ai longtemps rejeté le concept de la course contemporaine, c’est-à-dire : faire un aller-retour entre un point A et un point B, en ligne droite ou en boucle, dans un super kit high-tech composé d’une montre-chrono-GPS-multifonctions, d’un I-pod pour me booster les neurones de musique combative (genre Eye of the Tiger, We are the Champions, Uprising), pour ultimement me prendre en selfie à la fin de ma « run », suintante dans mon ensemble Nike fluo. Une image que je partagerais ensuite sur Facebook avec la mention « Mon café du matin : Un p’tit 57km de course pour bien commencer la journée ». Vous devinez sûrement par le titre de ce billet que j’ai finalement abdiqué et que je me suis lentement laissé emporter par cette euphorie collective nord-américaine envers la course à pied. On pouvait d’ailleurs lire dans le journal La Presse en février 2016 que:
« En 2015, pas moins de 162 nouveaux événements de course (incluant les courses à pied, mais aussi les trails, les courses à obstacles et autres) ont été organisés au Québec, selon le site iskio.ca. Le nombre total d’événements a ainsi atteint 834, dont 550 en course à pied. En 2010, on en comptait moins de 300. »
Tout d’abord, je tiens à préciser pour les gens qui ne me connaissent pas que le sport fait partie de ma vie quotidienne depuis bientôt 25 ans. Dès l’âge de 7 ans, j’ai été membre d’équipes sportives : baseball, soccer et basketball (mon grand amour du secondaire), j’ai également fait plusieurs sports individuels, tels que : la natation, le Karaté Shotokan (je fus d’ailleurs médaillée d’or aux Jeux du Québec) et le badminton. J’ai aussi fait quelques cours de danse, mais mes piètres performances ne méritent pas d’être mentionnées ici. No, I don’t think I can dance. Enfin, depuis une dizaine d’années, je me suis plutôt tourné vers les activités de plein air : randonnée en montagnes, raquettes et vélo. Bref, le fait que la course me rebutait ne signifie pas que j’étais une « couch potato »!
J’ai emboité le pas il y a deux ans, lorsque j’ai eu un contrat de guide touristique à Toronto. Durant cette période, je voyageais régulièrement entre Alma et la ville des Blue Jays, je passais beaucoup de temps en autobus (près de 12heures), assise, le popotin ankylosé et les jambes gonflées d’une mauvaise circulation sanguine. Je faisais des « chiffres » de 12 à 14 heures par jour où je guidais des élèves et leurs professeurs, parfois « hangovers », entre la Tour du CN, Canada’s Wonderland et Niagara Falls. Le temps et l’espace me manquaient cruellement pour pratiquer l’une ou l’autre de mes activités favorites, notamment le vélo. C’est ainsi qu’un beau matin, je me suis réveillée à Mississauga et j’ai décidé d’enfiler mes vieilleschaussures de badminton pour entamer mon ascension dans l’univers de la course. Bon, je suis encore au premier palier, mais c’est tout de même plus élevé que le rez-de-chaussée!
«J’ai toujours aimé courir … c’était quelque chose que je peux faire par moi-m
ême, et sous mon propre pouvoir. Tu peux aller dans n’importe quelle direction, à la vitesse que tu souhaites, en luttant contre le vent si tu en as envie et à la recherche de nouveaux paysages uniquement sur la force de tes pieds et le courage de tes poumons. »
– Jesse Owens
Alors, pourquoi j’ai décidé de courir?
Parce qu’avec mon mode de vie bohème, entre différents contrats et voyages, c’est le sport qui semble le mieux s’adapter aux contraintes sociales, aux limites de temps et d’espace.
Pour courir, je n’ai pas besoin d’une piscine, ni d’une salle d’entrainement, la course ne requiert pas de matériel lourd à transporter dans des bagages, ni d’une équipe! Comme j’ai un caractère indépendant, je n’ai même pas besoin d’avoir un ami pour y aller! Cette pratique peut aussi se glisser à travers un horaire chargé : on peut courir le matin, le midi, le soir ou même la nuit, 15, 25, 45 minutes ou plus si on le souhaite!
De surcroit, plus on pratique la course, plus on devient tolérant aux variations climatiques.Les mordus se réjouissent de la pluie, du vent, du froid ou de la chaleur qui leur donne un peu plus de défi!
En prime, on peut commencer la course à peu de frais! J’ai couru plusieurs mois avec mes vieilles chaussures de badminton, des bas de coton blancs standards et des leggings en lycra à 8 piastres la paire, avant de graduellement investir dans des vêtements plus convenables à cette pratique.
Aujourd’hui, je suis devenue une adepte des chaussures minimalistes et je l’avoue, je porte désormais des petits kits fluo pas mal confo!
Malgré mon bagage sportif, mes premiers kilomètres furent relativement pénibles. Je ne connaissais pas mon rythme, je m’essoufflais rapidement et je tenais à peine 7 à 9 minutes avant de prendre une pause obligée. Lorsque mon contrat à Toronto s’est terminé, je suis partie vivre 3 mois à Tadoussac. De là, je me suis entrainée dans les côtes de ce magnifique village. Au début, je courais 3 à 4 fois par semaine une distance oscillant entre 3 et 4 kilomètres ponctuée de quelques arrêts. Graduellement, j’ai pu augmenter les distances … et le plaisir! Mon cardio s’est significativement amélioré ce qui m’a sûrement aidée à gravir les sommets de la fameuse Cabot Trail à vélo!
Quand j’ai commencé à courir à l’été 2014, j’avais pour objectif d’atteindre 10km avant l’automne. J’ai terminé ma saison à 9km. L’été passé, j’ai monté la barre à 15km. Finalement, après une blessure à l’aine, j’ai dû arrêter ma saison après une course de 14km. Alors cette année, j’espère mettre fin à cette malédiction du 1km-pas-atteint!
Cette fois-ci, je compte franchir le cap du 21 km d’ici septembre et pour y parvenir, je vais faire quelque chose que j’ai longtemps dédaigné: m’inscrire à un demi-marathon! Comme on dit, il n’y a que les fous qui ne changent pas d’idée, hein! Je suis aujourd’hui prête à payer pour courir sur de l’asphalte et porter un dossard avec des chiffres et 4 épingles! Comble de l’ironie, je vais sûrement vous partager un beau gros selfie sur ma page Facebook si j’atteins cet objectif!
Comme quoi, ce qui était absurde hier, fait plein de sens aujourd’hui! Désormais, la course fait autant partie de mon quotidien que de mes voyages. J’ai d’ailleurs adoré visiter la ville de Boston à la course. Qui sait, peut-être un jour je rejoindrai les femmes légendaires qui ont participé au fameux Marathon de Boston!
Et vous, préférez-vous la course?
PS: Le titre de ce billet est un pastiche du film Sarah préfère la course, un bijou du cinéma québécois.
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