Avant de me décider à enfiler mon short à coussinet – vous savez, celui qui fait un énorme popotin- pour aller m’enfermer entre quatre murs gris, suer ma vie sur un vélo stationnaire et tout ça sous les ordres de colonel Hartman (Full Metal Jacket), j’ai hésité. À un point tel que j’ai déjà expiré une carte d’abonnement au spinning du PEPS (Université Laval) sans l’avoir jamais utilisée. J’ai longtemps été à la fois attirée et rébarbative à cette forme d’entraînement. D’une part intéressée parce que j’avais envie de sortir de ma zone de confort. Je dois reconnaître que même si je fais du vélo depuis bientôt 10 ans, je sors peu souvent de cette zone. Malgré les milliers de kilomètres parcourus entre le Québec, les provinces maritimes et les États-Unis, j’ai tendance à m’installer confortablement sur mon siège et pédaler à un rythme que je qualifierais de cyclotouriste admirative.
Il y a donc une G.I. Jane en moi qui a parfois besoin d’être bousculée pour se dépasser. D’un autre côté, habituée de pratiquer mon sport préféré au grand air, sur de longues distances et au cœur de paysages bucoliques, l’idée de pédaler sur place, assise en rang d’oignons, chahutée par Sergent Drill (G.I.Jane), étourdie par des lumières disco et de la musique pop criante, me paraissait absurde. Néanmoins, encouragée par Samuel, mon amoureux-full-sportif, j’ai fait une première tentative de spinning à l’hiver 2015. Ce fut une première, car il m’en a fallut plusieurs avant d’adopter la chose.
Débarquée dans un cours de spinning au club Physico-Regain alors que la session est déjà entamée depuis quelques semaines, peut être un peu intimidant. Les gens semblent se connaître depuis belle lurette et se tiennent en cercle hermétique à la porte d’entrée. La plupart portent leurs souliers « clipés » et leur tit-kit-aux-17-logos. Comme j’habite Alma, la moitié ont leur chandail du défi Pierre Lavoie. Et surtout, ils ont un vocabulaire commun, comprenant des mots tels que : la révolution (pas celle du Che là!), la résistance ou la tension à 180%, par exemples. Je débarque donc dans ce premier cours aux côtés de mon athlète-de-chum que je suis de près pour qu’il soit à mes côtés afin de m’expliquer subtilement comment suivre l’euphorie spinning. Alors que Patrice, notre instructeur, nous ordonne – je suis encore dans les métaphores militaires- de mettre notre tension à 90%, je me retourne vers Samuel pour lui demander une traduction. Il me suggère alors de compter mon 100% à 16 et de calculer à partir de ce chiffre le % des tensions demandées. C’est avec beaucoup d’humilité que j’avoue aujourd’hui sur ce blogue qu’à mon premier cours, j’ai de peine et misère réussi à pédaler à des tensions de 15, et qu’à ce premier cours, je n’ai jamais réussi à atteindre une vitesse de 110 pendant plus de 10 secondes. Après seulement 5 minutes de spinning, j’étais déjà hors d’haleine et détrempée de sueur. J’ai terminé ce cours en ne sachant pas si j’avais aimé ou non l’expérience, mais en ayant la conviction qu’il fallait quand même que je me donne une seconde chance.
La deuxième fois fut catastrophique. Péniblement je tentais de suivre les exercices assis-debout-assis-debout-assis-assis-tant pi-je reste assis. Finalement, à mi-cours j’ai ressenti un douloureux étirement derrière mon mollet droit qui s’est conclu en élongation. Honteusement, j’ai dû quitter avant la fin. J’ai boité pendant plusieurs jours et boudé le spinning pendant plusieurs mois.
Étonnamment, j’y suis quand même retournée une troisième fois! Et ce fut la bonne! Je ne peux pas expliquer de manière rationnelle quel a été le déclic, mais je suis depuis tombée dans cette soupe suintante qu’est le spinning! Je sue comme jamais en chantant des tounes pop avec Marie-Josée!
« Why you gotta be so rude? Don’t you know I’m human too? Why you gotta be so rude? I’m gonna marry her anyway! »( Rude de Magic)
Je pousse des cris d’animal enragé durant les exercices physiquement démesurés de François. Mon corps est secoué de fou rires incontrôlables tellement je suis exténuée par les cours de Patrice. « Oui, oui colonel Patrice, 1-2-3-4-1-2-3-4! ». Je jubile lorsque Karen met une toune de Muse pour me convaincre de monter une côte imaginaire avec une inclinaison de 18% sur 7km. Ok, sur cette dernière mesure j’exagère un peu! Oh! Il y a Cynthia aussi, si belle et si inspirante qu’elle me motive à sortir de mes pantoufles et sauter à pieds joints dans la fameuse zone du 110%. Sans oublier Hugues, surnommé Clara-Hugues par Samuel en raison de ses exercices inspirés des entraînements de l’athlète olympique. Je suis tellement crinquée que je me lève le vendredi matin pour aller pédaler à 8h30 sous des airs de Macarena avec Caroline et sa gang matinale. Enfin, vous avez compris que j’ai finalement eu la piqûre pour le spinning!
Alors oui, j’aime faire du vélo stationnaire entre 4 murs gris, car à l’intérieur de cette salle remplie de CO2, il y a plein de rêves de voyages cyclistes qui se construisent. C’est là, entre deux tounes de Survivor, que je me prépare pour parcourir la partie ouest de l’île de Cuba en janvier 2016.
Depuis l’écriture de cet article, mon rêve cycliste s’est réalisé! Voici quelques textes à ce sujet: Cuba à vélo en 5 étapes, Pleurer devant une tasse de lait chaud, Journée de fails, Retour sur ma dernière nuit à Cuba.
Tres belle description coloré, moi aussi je débute le spinning et je me retrouve aussi dans tes lignes ……….vive les murs gris !!!
J’aimeAimé par 1 personne
Merci! Le spinning est à la fois une activité absurde… et pleine de sens une fois qu’on a la piqûre!
J’aimeJ’aime
Wow!! J’ai eu le sourire au lèvre toute le long de cette lecture …!
Merci !! Mc pour ce beau moment xx
J’aimeAimé par 1 personne