Montréal- New York sur une vieille bécane turquoise

« La vie, c’est comme une bicyclette, il faut avancer pour ne pas perdre l’équilibre » (Albert Einstein)

Récemment, je me suis lancée dans la fastidieuse tâche de faire le tri de mes vieilles boites en carton trimbalées depuis 5 ou 6 déménagements, entre les îles-de-la-Madeleine, l’Angleterre, Québec, Montréal et Alma. À travers ce fouillis, j’ai eu le plaisir de retrouver d’anciens calepins de voyages. L’un d’eux m’a replongée dans un de mes premiers périple à vélo: Montréal –New York. 

En compagnie de mon amie Léa, je me suis lancée naïvement dans cette aventure du 22 mai au 6 juin 2011. À l’époque, je roulais avec une vieille bécane achetée dans une shop pour la modique somme de 150$ : un Norco turquoise et mauve pesant une tonne et datant du début des années 90. Chargées de matériel de camping, nous sommes parties sans itinéraire défini et sans aucune carte routière. Initialement, nous rêvions de nous rendre jusqu’en Louisiane, mais n’ayant que 2 semaines de vacances et peu d’expérience cycliste, nous avons décidé de réduire nos ambitions. L’objectif final s’est dessiné au fil des jours alors que nous roulions. Nous étions à l’écoute de notre corps, de notre humeur et de Meteomedia. Nous avons roulé 751km à l’intérieur de 15 jours entre Montréal et New York où nous avons passé 3 nuits.  Je vous partage ici l’ensemble de ce périple en quelques chiffres, notes et anecdotes.

Jour 1 : Montreal- Napierville (59km) – D+ 88m

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Une fois à l’extérieur de l’île de Montréal et de ses banlieues, dont Candiac qu’on dirait sortie tout droit du film L’Âge des Ténèbres, nous avons le plaisir de traverser des terres agricoles sur une route relativement plate. À partir du parc Jean-Drapeau, nous utilisons la bretelle Sainte-Catherine, une piste cyclable de 12 kilomètres bordée par le fleuve Saint-Laurent. Passé Candiac, le rang Saint-André (20km) a son charme, décoré de jolies boites aux lettres originales et de terres agricoles.

Quant à Napierville, nous nous y arrêtons sans grand intérêt. Notre motel est situé près d’une piste de Go-Kart bruyante et une odeur de pneus brûlés nous accueille à l’entrée de la municipalité. Nous choisissons notre chambre par dépit. Les murs de la première habitati247450_10150638680430618_709120_non visitée sont imbibés d’une odeur de cigarette et la salle de bain porte encore les traces de ses précédents locataires. Dans la seconde chambre, une caisse de 24 traine et le tapis empeste la vieille Wildcat. Finalement, nous nous retrouvons dans la « suite nuptiale ». Nous avons droit à un bain tourbillon sans cloison situé juste à côté d’un lit King. Bref, aucune intimité à l’heure du bain. Charmant pour une première nuit!

Jour 2:  Napierville – Plattsburgh (55km)  – D + 61m

Cette deuxième journée est très éprouvante. Nous pédalons contre un vent de face furieux qui souffle à près de 45km/h plus les rafales. Avançant à moins de 10 km/h sur une route plutôt plate, notre moral est à terre. Après 40km de mauvais traitement éolien, nous abandonnons pour faire de l’auto-stop. Un sympathique monsieur accompagné de ses poussins nous embarque presque aussitôt le pouce levé. Nous faisons ainsi les derniers kilomètres assises dans une camionnette.248691_10150638680900618_1152254_n

À la fois soulagées et exténuées, nous nous échouons dans un Super 8 très confortable. La soirée se termine avec une Mountain Brew Beer et des réglisses. Bref, la grosse fiesta luxueuse!

J’ai noté ce jour-là : Malgré tout, la vue est agréable de ce côté de la frontière, mais la montée des eaux a fait quelques ravages et on sent la fureur du Lac Champlain qui déborde.

Jour 3:  Plattsburgh – Lincoln Pond (70km) – D+ 584m

Après avoir longé le Lac Champlain sur plusieurs kilomètres, nous traversons de jolis villages américains, tel que Elizabethtown (oui, oui comme le film du même nom avec Kirsten Dunst). Suite aux bourrasques hargneuses de la veille, le vent clément, chaud et favorable est très apprécié. Ce sont surtout les derniers kilomètres qui s251325_10150638679785618_414433_nont éprouvants. Passé le 55ème km, les dénivelés deviennent plus ardus: Nous faisons  la connaissance des Adirondacks. Au moins, la vue au sommet des montagnes en vaut l’effort. Malheureusement, je dois piler sur mon orgueil et marcher aux côtés de ma grosse bécane surchargée sur une distance d’environ 2 kilomètres. Mes mollets sont incapables de soulever la charge de mon vélo dans la dernière pente abrupte. De plus, le soleil d’après-midi nous écrase de sa chaleur et des nuages de petits moustiques voraces nous tournent autour. J’avoue en avoir sacré un coup! Bref, j’ai dit beaucoup de gros mots blessant pour le petit Jesus et sa famille. Néanmoins, la journée de vélo se termine sur un dernier tronçon de route ondulant et agréable.

Une belle surprise nous attend à notre arrivée au camping Lincoln Pond : un grand lac désert pour se rafraîchir en toute quiétude…et en bobettes! 

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Jour 4:  Lincoln Pond Putnam Pond (40km) – D+ 620m

J’entame à peine cette quatrième journée de vélo que déjà mon corps manifeste des signes de fatigue et d’usure. Une tendinite à mon genou droit commence à me faire souffrir. De plus, n’ayant pas de vêtements désignés pour le vélo, notamment un cuissard, des irritations brûlantes se manifestent au niveau de mes aines. Sous ces inconforts physiques, je me surprends à remettre en question le but de cette petite aventure. Je me demande : est-ce que j’ai du plaisir? Si je n’en ai pas, pourquoi je le fais? Je me trouve poche, faible et lente. Nous avons 40 kilomètres à parcourir et tout autant de côtes! Encore une fois, je dois marcher pour pousser ma bécane au sommet des pentes.251309_10150638701215618_4191555_n

J’aimerais me réjouir des joies du camping, mais je peste plutôt contre les moustiques qui semblent me prendre pour un buffet chinois à volonté. Je sens l’hystérie s’emparer de moi alors que j’essaie de cuisiner sur notre table de pique-nique extérieure. Exaspérée de les entendre buzzer autour de ma tête, je suggère à Léa que nous allions cuisiner dans la salle de bain publique du camping. Sans hésitation, elle accepte. Repues, nous nous couchons en priant la clémence de Dame Nature pour les prochains jours.

Jour 5 et 6:  Putnam Pond – Ticonderoga (16km) – D+ 157m

Je me réveille avec une douleur lancinante au genou. Nous décidons donc de faire une courte escale afin d’éviter d’aggraver ma tendinite. À mon grand soulagement, les 16 kilomètres entre Putnam Pond et Ticonderoga (on se pratique depuis 3 jours à prononcer le nom de cette ville) sont dans une pente descendante!

Puisque les nouvelles météorologiques nous annonce une tempête de pluie –à la télé, on parle presque d’une tornade- nous décidons de nous poser à Ticonderoga pour 2 jours. La ville est charmante, composée de bâtiments historiques bien entretenus, d’un joli parc au centre-ville où l’on peut traverser le Kissing Bridge. On y trouve aussi une petite chute d’eau et un fort au style médiéval.255710_10150638924335618_3457882_n

Anecdote : Alors que nous nous gavons de gros burgers et de frites au Burleigh Luncheonette, un restaurant au style rétro, un monsieur surement âgé de plus de 70 ans qui me reluque depuis un bout de temps, me demande : How is your mom? Pour toute réponse, une dizaine de personnes, incluant Léa et moi, éclatons de rire! Après coups, je me suis dit que j’aurais du lui répondre : You should ask me about my grandma Sir!

Moment de bonheur du jour : remplir notre panier d’épicerie de fruits et de légumes frais cueillis dans les généreuses rangées du Wal-Mart! En temps normal, je ne suis pas friande de ces grandes surfaces, mais après 5 jours de fruits séchés et de champignons en conserve, je n’ai pas la force de mes principes et mon appétit l’emporte!

Jour 7:  Ticonderoga – Whitehall (48km) – D+ 579m

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Le plaisir de rouler est de retour! Bien reposée, j’étais prête à faire une plus longue distance, mais selon nos informations la plupart des motels affichent No Vacancy et il ne semble pas y avoir de terrain de camping ouvert à proximité.

Le paysage est sublime et les pentes se montent facilement. Enfin une journée où je n’ai pas à descendre de mon vélo pour le pousser sur le haut d’une côte! Sur ma route je salue des ânes, des moutons, d’immenses cochons, ainsi qu’un gros dindon qui semble égaré sur le bord de la route.

J’ai trouvé que Whitehall avait des airs d’abandon et de chômage. Selon le gérant du Budget Inn où nous passons la nuit, cette ville a déjà connu des heures de gloire à une époque où le transport maritime s’y arrêtait. Les U.S. Navy ont d’ailleurs vu le jour à Whitehall. J’ai pu lire que cette ville fut la première colonie installée aux abords du Lac Champlain et qu’elle fut un important centre commercial entre les colonies anglaises et françaises. Toutefois, suite au développement des autoroutes et du transport de marchandise par camions, la ville a sombré dans la pauvreté et a vu la plupart de ses commerces fermer leurs portes. Il est apparent que l’économie n’y est pas prospère car nous passons devant plusieurs bungalows décrépis et les maisons semblent manquer d’amour.

Malgré cette ambiance glauque, nous sommes heureuses de nous poser ici et d’être chaleureusement accueillies par le gérant et sa famille d’origine pakistanaise. Celui-ci nous invite chez-lui où nous pouvons utiliser son portable et même imprimer notre itinéraire des prochains jours. Tel que mentionné précédemment, nous voyageons sans carte routière, alors nous tentons de dessiner notre tracé au fil des informations cueillies dans les bureaux touristiques et sur Googlemap, par exemples. Nous arrêtons presque quotidiennement dans des bibliothèques où nous pouvons utiliser internet, car nous n’avons ni cellulaire ni GPS.

Mon plaisir coupable du jour : un gros McFleury aux M&M!

Jour 8: Whitehall – Saratoga (70km) – D + 578m254848_10150638924905618_6560819_n

J’adore rouler entre ces deux villes! Les kilomètres filent rapidement, même si les derniers sont plus ardus en raison de l’humidité et de la chaleur écrasante. Dire qu’on est seulement en début juin! Le mois de juillet par ici doit être impitoyable pour les cyclistes! Le parcours est très agréable malgré quelques tronçons plus achalandés par la circulation automobile. Ce n’est ni trop plat, ni trop montagneux. De plus, je n’ai pas de douleur tenace au genou. Alleluia! Je vais peut-être être sauvée d’une tendinite! Toutefois, une chose me rend triste sur la route : le décompte de cadavres d’animaux qui ne cesse d’augmenter. Jusqu’à présent nous avons croisés les corps putréfiés de marmottes, d’oiseaux, d’écureuils, de couleuvres, de porc-épics et de souris. Cette triste réalité fait partie des affres du développement urbain et routier.

Nous aurions aimé camper, mais nous ne trouvons aucun terrain de camping sur notre chemin. Pour la première fois depuis le début de ce voyage, nous avons croisé d’autres cyclo-campeurs, mais nous n’avons pas eu la chance d’échanger trucs et conseils avec eux. Après une semaine à voyager dans une bulle sociale habitée seulement par Léa et moi, je commence à sentir le besoin d’échanger avec d’autres personnes.253696_10150638925030618_1299556_n

Parenthèse touristique : Saratoga est une jolie ville habitée par plusieurs familles de canards. De sympathiques canetons se promènent librement sur les trottoirs et certains vont même jusqu’à s’aventurer dans les rues!

Jour 9: Saratoga – Albany (63km)  – D+ 195m

Encore une journée chaude. Pour une petite fille des iles-de-la-madeleine, 30 degrés avec un facteur éolien de zero, c’est la canicule! Je termine quand même cette journée de vélo reconnaissante envers Dame Nature  qui m’a épargné de ses fureurs éoliennes et de ses pleurs torrentiels.

Nous sommes arrivées dans la ville d’Albany en plein Memorial Day. La plupart des commerces et des services sont donc
fermés, mais il y a beaucoup d’ambiance dans les quartiers. Plusieurs familles sont réunies dans leur cours et festoient autour d’un BBQ. De nombreux drapeaux américains sont fièrement hissés et flottent sous la brise légère. egg3Nous nous baladons à travers les rues et les boulevards déserts, même la Central Street est paisible! Nous passons devant le fameux « The Egg », un centre d’art unique en son genre. Après une visite éclair, j’en conclus que la capitale de l’État de New York est une ville intéressante où cohabitent des édifices modernes aux côtés de vieux bâtiments, tel que la Cathédrale de l’Immaculée-Conception.

Notre motel est situé à l’extérieur de la ville. Nous y sommes confortables, mais nous espérons retrouver un terrain de camping sous peu. Les plaies de mes dernières piqûres commencent à disparaître, le buffet est donc à nouveau prêt pour servir les moustiques!

Jour 10: Albany – Hudson (51km) – D + 214m

Au lendemain du Memorial Day, nous faisons face au trafic matinal! Je roule stressée et écœurée par les odeurs de gaz. Nous tournons un peu en rond dans le centre-ville avant de finalement renouer avec la piste cyclable qui nous sort de cet enfer urbain! Une fois hors de la ville, je suis charmée par la belle route verte qui nous conduit jusqu’à Hudson. Nous traversons de charmants villages et le chemin devient légèrement vallonné.

Lorsque nous arrivons à Hudson, j’éprouve un petit béguin pour cette ville qui semble habitée par une faune artistique.
Nous passons devant de nombreuses boutiques d’art et d’antiquité. Par ailleurs, la
Warren Street est superbe avec ses bâtiments colorés et patrimoniaux. Hudson est également une ville où les pompiers sont à l’honneur! Warren-Street-Hudson-NY-at-Dawn
On y retrouve le
Firemen’s Association of the State of New York (FASNY), le Museum of Firefighting et le FASNY Firemen’s home, la première maison de soins infirmiers pour les pompiers aux Etats-Unis. (Photo prise sur ce site.)

Une fois de plus, nous choisissons le confort et nous dormons dans un hôtel relativement luxueux. Alors que nous nous étions promis une petite soirée festive pour célébrer notre 10ème journée de voyage, la fatigue nous emporte très tôt! À 9h30pm, après un sac de Doritos, un plat de nouilles crémeuses Sidekick au micro-ondes et un verre de rosé, nous nous endormons devant la télévision.

Jour 11: Hudson – Staatsburg (52km)  – D+ 149m

Suite à notre soirée « arrosée », je me réveille avec un léger mal de tête, congestionnée et le ventre plein de rancune! Nous quittons notre hôtel vers 10h30am alors que d’habitude nous partons vers 8ham afin de profiter de la fraicheur matinale. Conséquemment, nous pédalons toute la journée sous un soleil ardent. Passé midi, le temps ressenti atteint 40 degrés celsius. Malgré la chaleur et l’achalandage routier, je réussis à me plonger dans des pensées positives et profiter de la route pour ce qu’elle a de mieux à offrir. En fin de journée, je m’extasie devant un chevreuil qui court en toute liberté sur la plaine.

Nous trouvons un camping déserté près de Staatsburg.251126_10150638925750618_7686003_n Les déchets qui traînent sur le terrain et l’état des toilettes laissent croire qu’une grosse fête du Memorial Day a surement eu lieu en fin-de-semaine. Comme il n’y a personne à l’accueil, nous nous installons sans payer. Malgré la fatigue et l’état des lieux, nous sommes heureuses de renouer avec le camping et la vie en plein air! Quoique l’on apprécie les joies de l’air climatisé à la fin d’une journée chaude et humide, ainsi que le divertissement que peut offrir la télévision, surtout quand on peut tomber sur un épisode de Sex and the City, je préfère de loin la brise naturelle du soir et les sons ambiants de la forêt. Et puis, tant qu’à traîner autant de poids sur notre vélo, aussi bien s’en servir!

En écrivant ces lignes, j’ai le sentiment que le plaisir de rouler s’accentue au fil des jours. Malgré la fatigue et les douleurs, mon moral s’améliore. Je commence à sentir le sens de cette aventure. J’apprécie également l’agréable compagnie de Léa. Son sens de l’humour sarcastique rend comique les moments plus difficiles. 

New York se rapproche! Dans moins de 200km nous aurons atteint notre objectif cycliste! Arrivée là-bas, j’aurai réalisé deux rêves : faire un cyclo-voyage et visiter la Grosse Pomme! Alors que je roule sur la route américaine, je rêve à d’autres cyclo-voyages. Depuis quelques jours, j’ai Cuba en tête. Je fais miroiter cette idée à Léa. Je pense y aller au printemps 2012. Enfin, à suivre. (Ce rêve se réalisera finalement en 2016. Pour lire des articles à ce sujet c’est par ici et ici.)

Jour 12: Hudson – Fishkill (95km) – D+ 352m

Nous pédalons trop souvent aux côtés de gros camions. En plus, nous nous retrouvons accidentellement sur l’autoroute! Cette journée n’est pas joyeuse. On se perd aussi dans l’affreuse ville de Poughkeepsie. Bref, c’est tout ce que j’ai à écrire pour aujourd’hui.

Jour 13: Fishkill – Clarence Fahnestock (25km) – D+ 341m

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J’adore rouler sur la route 301! Les montées sont parfois intenses, mais la bonne humeur me donne également de bonnes poussées. Nous trouvons un terrain de camping aménagé dans le bois, avec des sentiers de randonnée et une plage à proximité. Nous profitons des lieux pour faire une petite excursion dans le bois, mais on dirait que nos muscles endoloris ont perdu l’habitude des mouvements de marche! Même les petites montées sont pénibles. C’est comme si pédaler était devenu  plus naturel!

Nous partageons les lieux avec des familles, des jeunes adultes…et tout un bachelor party! Enfin, nous avons la chance de sympathiser avec deux New-Yorkaises. J’adore Léa et j’espère que c’est réciproque, mais après 2 semaines d’exclusivité sociale, je suis excitée de rencontrer de nouvelles personnes!252543_10150638926510618_159168_n Nous les rejoignons à leur table de pique-nique pour souper et nous avons le privilège d’assister à tout un spectacle : le fameux Bachelor Party! Saouls à 5hpm, ils tentent maladroitement de monter leur tente-cathédrale et de faire un BBQ pour 10 mâles affamés! Le show dure quelques heures, jusqu’à ce qu’ils tombent endormis d’ivresse ver 11hpm.

Je me couche donc dans la quiétude. Toutefois, je me rends compte après quelques minutes que notre tente est légèrement inclinée. Résultat : nous glissons continuellement vers le fond où nos pieds collent sur la toile humide. Bref, je peine à dormir, j’ai froid, mes pieds sont mouillés et mon corps recroquevillé est endolori.

Jour 14:  Clarence Fahnestock – Stony Point (42km)  – D+ 381m

Le spectacle du Bachelor Party reprend ce matin!252979_10150638926260618_7718832_n En sortant de ma tente, j’aperçois leur cathédrale chavirée sur le côté! J’assiste alors à la scène humaine la plus hilarante qu’il m’ait été donnée de voir : les bachelors qui tentent de sortir par la porte renversée. Petit à petit, je vois une jambe émerger de la glissière, puis l’autre, celles-ci tâtent ensuite le terrain en pente, puis hop, les gars sortent un à un en glissant sur le côté! Cette scène dure environ 30 minutes! Assise sur ma table de pique nique, je rigole sans gêne de leur périple! J’ai l’impression d’être devant un sketch de vaudeville!

J’avoue qu’après la nuit blanche passée en camping, aujourd’hui je savoure le bonheur de dormir au sec dans un motel miteux de Stony Point! La ville est morne et nos voisins de palier ont l’air tout droit sorti d’un épisode des Bougons, mais je suis au chaud et je ne glisse pas dans le fond de mon lit. Je dors paisiblement dans une position horizontale stable!

Jour 15:247244_10150638927235618_7354680_n Stony Point – Brooklyn (70km) – D+ 504m

Cette journée fut longue et éprouvante, mais nous y sommes arrivées! Nous traversons plusieurs montagnes dans lesquelles nous sommes souvent dépassées par des clubs de cyclistes en full-kit-full-logos sur des vélos hyper légers! Disons que nous pratiquons deux styles de cyclisme très différent!1

Une fois rendues dans la grande ville, nous devons rouler à travers le trafic new yorkais! Traverser le fameux pont George Washington me donne le vertige! Ici, il n’y a pas de mur anti-suicide comme sur le pont Jacques Cartier. Je roule donc effrayée de voir le vide à la hauteur de ma taille! À la sortie du George Washington, un homme nous 250511_10150638927520618_1541643_ndirige gentiment vers la route verte. Finalement, nous décidons de bifurquer en direction de Brooklyn et de nous y poser quelques jours.
Malgré l’accotement désigné aux cyclistes, le fameux Brooklyn bridge est difficile à traverser : des touristes nous coupent constamment le chemin sans regarder la circulation afin de prendre des photos. À défaut d’avoir une petite sonnette, je n’ai d’autres choix que de leur crier après!

Jour 16 à 19: Brooklyn-New York

J’ai vécu New York à vélo stressée, agressée et étouffée par les bruits (automobile, musique, construction), les odeurs et la chaleur. 248780_10150638927755618_6057349_nMalgré la présence de pistes cyclables sur quelques tronçons de la ville, nous devions être constamment vigilantes puisque de nombreux automobilistes ne respectent pas cet espace cycliste. J’ai tout de même aimé traverser le Brooklyn Bridge à vélo la nuit et j’ai fait quelques visites touristiques intéressantes, telles que le Central Park et le MOMA.  Il reste que pendant ces 4 jours, j’avais le sentiment de tourner en rond. Mon voyage venait de perdre son sens à l’intérieur de cette immense ville. Nous avons terminé cette aventure à la gare d’autobus Greyhound. Nous fûmes d’ailleurs les vedettes de la file d’attente! Plusieurs personnes nous ont félicité de notre escapade à vélo et quelques-unes ont tenté de nous sermonner sur les dangers de rouler à vélo aux États-Unis, surtout pour deux jeunes femmes. À ceux-là. je répondais: « I’m sorry to tell you this, but… you watch too much TV! »  Malgré les bobos et les modestes distances parcourues, je suis revenue à la maison avec un brin de fierté au cœur et la tête bouillante de rêves cyclistes!

Quelques années plus tard, je me lancerai à l’assaut de l’île du Cape Breton à vélo, la Skyline Drive (Virginie), la partie ouest de l’île de Cuba...et en ce moment, je rêve de parcourir la Côte Nord, de Tadoussac à Natashquan (800km).

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1 Au moment d’écrire ces lignes, j’étais loin de me douter qu’un jour je me convertirais aussi au vélo de route.

4 réflexions sur “Montréal- New York sur une vieille bécane turquoise

  1. Merci beaucoup pour ces lignes, c’est très bien écrit et passionnant, nous voudrions faire ce voyage, c’était donc très instructif de vous lire. Philippe (Toulouse / France),

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    1. Merci de votre commentaire 🙂 Petite suggestion: plutôt que de passer par Lacolle, il serait sûrement plus intéressant pour vous de passer par Chambly et St-Jean-sur-Richelieu. Nous n’avons pas pu traverser ces jolies municipalités car elles avaient été inondées des crues du printemps. Bon voyage! N’hésitez pas à me partager votre périple.

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