Dans les prochaines lignes, je vais aborder un sujet controversé: le voyage en solitaire quand on est en couple. Je ne comprends pas encore tout-à-fait pourquoi cette pratique dérange encore tant de gens aujourd’hui au Québec, mais je sais un peu mieux pourquoi je choisis de vivre ces expériences et pourquoi j’encourage mon amoureux à partir seul de son côté. Il nous arrive aussi de voyager ensemble et on s’entend plutôt bien en fait (que ce soit la Cabot Trail, le tour de la Gaspésie, l’île de Vancouver, ou les Laurentides à vélo). Nous ne partons pas chacun de notre côté dans le but de se fuir. Au contraire! Nous sommes très présents l’un pour l’autre dans chacun de nos projets respectifs. C’est notamment Samuel qui m’a donné les leçons de mécanique indispensables pour mon périple cycliste cubain et je l’ai mis en contact avec des ami.e.s. de la Suisse lorsqu’il est parti découvrir ce pays en 2015.
Le 16 juillet 2016, sur ma page Facebook j’écrivais: « Voilà ma belle grosse face de Bleuet qui part prendre son vol vers l’un de ses grands rêves: la traversée des Pyrénées à vélo en autonomie et en solo! Il s’apprête à rouler plus de 1 000km en moins de 2 semaines et grimper plus de 25 000m de dénivelé positif. Pis cette machine-là, c’est mon homme à moi.
Pour les personnes qui se demandent pourquoi je ne l’accompagne pas dans son épopée au coeur des Pyrénées, et pour celles qui se demandaient également pourquoi il ne m’accompagnait pas lorsque je suis partie seule rouler 3 semaines à Cuba, je répondrai: parce que c’est son rêve et son timing et ce fut la même chose pour moi. Simplement aussi parce que ces deux mots: confiance et amour.
Sam je l’aime pour ce qu’il est, j’admire sa détermination et son coeur de gamin et je pense que c’est réciproque. Paulo Coelho a écrit: « La liberté n’est pas l’absence de l’engagement, mais la capacité de choisir. » Jusqu’à présent, je trouve que Sam et moi on fait des pas-pires choix ancrés dans nos rêves et dans ce que nous sommes.
Ça ne m’a pas empêché de verser une petite larme au métro Berri-UQAM où je me suis arrêtée écouter un violoniste interpréter My immortal (Evanescence), et où j’ai regardé, la gorge serrée, cette dernière photo prise 1 heure plus tôt. Ce n’est pas parce que je suis indépendante que je ne peux pas être quétaine. »
Suite à ce statut, des dizaines d’amis ont commenté et plusieurs m’ont écrit en privé. Il semble que notre liberté individuelle et amoureuse inspire et dérange à la fois les conceptions de ce que devrait être une relation de couple. Je me rends compte que les plus grandes craintes que l’on m’a exprimées à ce sujet sont l’infidélité et l’ennui.
Or, personne n’est à l’abri des relations extra-conjugales, même les couples soudés à leur maison. Sauter la clôture n’est pas essentiellement lié à la distance. Il y en a qui vont simplement chez le ou la voisin-e. Combien de gens ont commis l’adultère lors de leur dernier party de bureau, aux retrouvailles des Finissants ou avec la meilleure amie de leur femme ? Just saying.
Quant à la question de l’ennui: oui, mon chum me manque parfois lorsque nous sommes loin, mais je suis si fière de ce qu’il accomplit et je suis également si fière de ce que je réalise à travers mes périples que l’enthousiasme partagé surpasse ce sentiment de vide laissé par l’absence de l’autre. À Cuba, je pensais à Samuel avec le coeur gonflé d’amour. Il était avec moi, derrière chaque coup de pédale. De toute façon, bien des couples s’ennuient profondément ensemble parce qu’ils n’ont rien à se dire et que la routine du quotidien éteint leur flamme. Bref, la proximité géographique ne me semble pas garante de la longévité d’un couple.
J’ai marié un homme courageux, sportif et curieux qui a le goût de l’aventure dans les veines. Quant à moi, je suis une natural born voyageuse. Avant de rencontrer Samuel, j’avais déjà voyagé dans une douzaine de pays et la majeure partie en solitaire. Le mariage ne devrait pas être la fin de soi pour l’autre. En-tout-cas, pas dans mon livre à moi.
Bel article, belle réflexion, merci du partage !
«Je ne comprends pas encore tout-à-fait pourquoi cette pratique dérange tant de gens en 2018 au Québec»
Idem car la liste des bénéfices me semblent autrement plus longues que celle des inconvénients.
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Oui! Mon sentiment d’ennui est passager, alors que ma fierté envers Samuel ou envers moi-même, elle, elle est permanente!
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Bonjour. Ma copine est partie en voyage plusieurs semaines. Je n’ai jamais remis en question son choix de voyage, je la supporte et je l’ai encouragée. Toutefois, son départ a été plus difficile pour moi (plus que je ne veux bien l’admettre – probablement à cause d’un sentiment d’abandon … Long story). Mais je suis tellement content pour elle et pour rien au monde j’aurais essayé de l’en dissuader, même si elle me manque énormément. En atendant j’essaye de penser à moi et je suis ses aventures avec emerveillements. Si vous avez des petits conseils et ou des mots pour rassurer, n’hésitez pas 🙂
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Quoi que ne l’ayant jamais vécu, partir en solo alors que nous sommes en couple, me semble totalement sain. Ca démontre qu’il regne dans le couple un sentiment de confiance, une liberté d’être soi-même et non pas seulement une identité de couple. Sortant d’une relation ou pareil périple ne passait pas, je me rends compte aujourd’hui qu’en ne se permettant pas de libertés individuelles dans la confiance, nous en venons à éteindre notre identité personnelle.
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Merci Jacinthe de ton partage. Je te souhaite de tout coeur de vivre ce sentiment de liberté amoureuse et individuelle. Pour moi, ça ne signifie pas « sans compromis », cela signifie simplement d’aimer l’autre pleinement pour ce qu’il-elle est. Je ne suis pas une spécialiste en relations amoureuses non plus, juste une aventurière amoureuse.
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J’ai eu le même commentaire lorsque mon chum de l’époque est parti en Bolivie solo. On me disait: tu le laisses partir tout seul? Oui, pourquoi, il est assez grand. Tu n’as pas peur qu’il te trompe? Je ne pense pas que ça soit nécessaire d’aller aussi loin pour me tromper, il pourrait très bien le faire au Québec. C’était son trip backpacking. Pour ma part, j’ai tellement voyagé solo et j’ai trippé. J’espère un jour, rencontrer un homme qui saura comprendre l’importance de se faire confiance et surtout de pouvoir vivre ses rêves solo ou en couple.
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Je trouve toujours ça étrange cette expression de « laisser partir son chum ou sa blonde ». Je ne suis pas sa mère, il n’est pas mon père, nous sommes des adultes consentants et autonomes.
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Exactement! Mais tu sais, moi, je suis abonnée à coup de pouce aussi ;)))
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Moi et mon conjoint prônons également ce type de voyage. On le fait davantage pour que quelqu’un reste avec les enfants pendant que l’autre réalise ses rêves, mais n’empêche que cela ne fait que du bien à chacun de nous. Ça fait 12 ans qu’on est marié et cette confiance que l’on s’accorde n’est qu’une infime partie de l’énorme respect que nous avons l’un envers l’autre. Nous avons bien hâte parfois de partir ensemble, mais ces voyages solo sont bénéfiques pour nous-mêmes, et c’est notre couple qui en profite!
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Merci du partage Karyne. Beaucoup de gens autour de nous nous disent d’en profiter pendant que nous n’avons pas d’enfant. Je ne suis jamais à l’aise avec cette recommandation. Votre expérience témoigne qu’il est possible d’allier aventure individuelle et famille. Au plaisir d’échanger, MC
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A reblogué ceci sur Santa Mojo.
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