Durant mon enfance, j’ai malheureusement manqué de modèles féminins. J’avais tendance à me projeter à travers des hommes forts et courageux auxquels je voulais ressembler. Je connaissais peu de femmes inspirantes qui correspondaient à mes aspirations de voyage, de sport et d’aventure. Non pas parce qu’elles n’existaient pas, mais parce que l’histoire et les médias les laissaient dans l’ombre. Aujourd’hui, j’ai la chance de côtoyer des femmes exceptionnelles qui osent sortir des sentiers battus et qui surpassent bien des hommes sur leur propre terrain. Il y en a que je connais personnellement, telle que Cynthia Lalancette, et d’autres que je rencontre à travers la littérature et le cinéma. Sarah Marquis est l’une d’entre elles. Elle fait partie de mon temple d’héroïnes contemporaines aux côtés de Mylène Paquette, Sarah Outen’s ‘London-2-London via the World’ Expedition et Freya Hoffmeister.
Sarah est une aventurière de renommée internatioale d’origine suisse. Elle a réalisé la traversée du désert australien à pieds, soit 14 000 km en 17 mois. Elle a aussi parcouru la Cordillère des Andes, l’équivalent de 7000 km de marche en 8 mois. Dernièrement, j’ai dévoré littérairement « Sauvage par nature », le récit captivant d’une marche de 1000 jours en solitaire sur tout le continent austral (Mongolie, désert de Gobi, Chine, Laos, Thaïlande, Australie) qu’elle a réalisé entre 2010 et 2013.
À ce jour, il y a peu de littérature d’aventure écrite par des auteurEs – du moins, à mon humble connaissance – et cela fait du bien de lire la plume d’une femme qui vit des périples dans lesquels je peux plus facilement me projeter. Les hommes et les femmes ne courent pas les mêmes risques et font face aux dangers différemment. Il y a une part individuelle, une part sociale et une part culturelle dans notre manière d’être au monde qui sont liées à notre genre et à notre sexe. Par exemple, il est mal vu dans de nombreuses cultures qu’une femme voyage seule, alors que les aventuriers mâles seront encensés pour leurs exploits. Sarah a du faire face aux regards désapprobateurs, notamment en Mongolie, où elle était vue comme une sorte de prostituée vagabonde. Des enfants ont été jusqu’à lui lancer des pierres. Sans parler des cavaliers mongols saouls à l’attitude trop cavalière. Elle fut harcelée pendant plusieurs nuits (2 mois) jusqu’à ce qu’elle trouve un caniveau pour se réfugier au crépuscule. L’auteure aborde également chaleureusement la solidarité et la complicité féminine qu’elle a rencontrées sur son chemin.
Somme toute, après avoir lu avidement les récits de Mike Horn, j’ai ressenti une sorte de soulagement en ouvrant les pages de Sauvage par nature. Comme si l’aventure devenait plus à ma portée parce qu’elle était narrée par une femme. En 2013 Sarah Marquis a été nommée European Adventurer of the year et en 2014 le National Geographic la nomme Aventurière de l’année. Je terminerais ce modeste hommage sur ses mots : « l’aventure c’est toute entreprise où le risque est considérable et dont la réussite est douteuse ».
Alors, à l’assaut les filles?
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