C’est parti pour une nouvelle aventure à vélo! Il y a quelques années, Sam et moi avons parcouru l’île de Cap-Breton, cette fois, du 31 juillet au 6 août 2022, nous sommes partis découvrir la partie sud de la Nouvelle-Écosse! Ce fut un voyage plus léger que mon précédant au Nouveau-Brunswick: j’ai rangé mon matériel de camping dans la voiture. Ce fut donc une cyclo-aventure où l’on a dormi dans des motels et des auberges. Bref, des petites vacances en amoureux sur 610km en 7 jours.
Jour 1: Wolfville- Kingston, 50km et relativement plat.
Wolfville semble être une jolie ville universitaire, mais à peine arrivés qu’on enfourchait déjà nos vélos! On laisse la voiture dans un stationnement de l’Université; on reviendra la récupérer dans une semaine quand on notre boucle sera complétée.
Pour se rendre à Kingston (Nouvelle-Écosse), On a parcouru presque tout le chemin sur une piste cyclable qui nous a fait traverser des champs agricoles, du boisé, et passer derrière quelques usines.
J’ai adoré une bonne partie de cette piste, tantôt asphalté, tantôt en gravier, mais sur les quinze derniers kilomètres, je commençais à être tannée du gravier mou. On a donc décidé que pour les 5 km restant, on retournerait sur l’asphalte de la route Évangéline. Je continue mon périple acadien!



Jour 2 : Kingston – Digby, 92km, 775m de D+
Journée de wow wow ! C’est ben beauôôôô par ici! On a roulé avec un vent de face et grimpé quelques belles côtes! C’était sportif! Ce fut l’une de mes plus belles journées de vélo de la saison, si ce n’est pas LA plusss belle.
Je suis partie à 7h30am, un peu avant Sam, et j’ai clanché jusqu’à Bridgerton pour le p’tit déjeuner (35km). Il n’a pas pris de temps à me rattraper. Comme je n’avais pas tripé sur le gravier de la trail de 4 roues de la veille, j’ai opté pour la route 1.
Même s’il y avait peu d’accotement, comme il n’y avait pas de trafic, la route était super agréable. Il y a beaucoup de jolies maisons dans le coin! Ça donne presque le goût de venir s’y installer.
Après Bridgerton, on a roulé quelques kilomètres dans la Trail, ce qui nous a permis de sillonner la rivière Annapolis, bordée de jolies fleurs sauvages. Après 7km cependant, j’étais tannée encore une fois de caler dans la garnotte, on a donc repris la route 201.
Au km 50 environ, on a fait un arrêt OBLIGÉ pour de la crème glacée dans la ville historique d’Annapolis. J’en ai profité pour flâner dans le parc du Fort Anne à travers les canons.
Repus et reposés, on a clanché les 40 kilomètres restant, somme toute assez sportifs! Mais l’effort en valait la peine!
En arrivant au pont vers Digby, la vue sur le Bassin d’Annapolis est époustouflante! J’ai eu l’impression que tout mon être soudainement s’ouvrait pour accueillir la grandeur de l’horizon bleu.
Enfin, que dire de Digby?! C’est une magnifique petite ville de pêcheurs qui a su garder son cachet historique.
Après s’être régalés de fruits de mer et de cocktails, Sam et moi sommes allés marcher sur le quai et le bord de la grève où on a pu croiser un phoque gris et des pêcheurs de maquereaux.
Malgré des irritations à l’intérieur des cuisses, je me sens en forme, mais surtout je me sens tellement privilégiée de découvrir la Nouvelle-Écosse à vélo!








Jour 3: Digby-Yarmouth, 110km et 1059m de D+
Pas facile de rouler avec un vent de face! Ouhlala!
Nous sommes arrivés tard à notre hôtel, vers 17h45, ce qui nous laisse peu de temps de repos avant de reprendre la route demain pour une autre grosse journée. Je suis très fatiguée et j’ai de vilaines irritations vives à l’intérieur des cuisses
Mon coup de coeur du jour va à un couple de cyclistes finlandais rencontrés dans une épicerie sur la route Évengéline. Ils voyagent à travers le Canada depuis le 7 juin, de Montréal au Labrador, en passant par Manic 5, Terre-Neuve, la Nouvelle-Écosse et éventuellement une partie aux États-Unis.
Je suis aussi très admirative envers les communautés francophones et acadiennes qui ont réussi à garder leur langue et leur culture bien visible parmi les Néo-Ecossais.




Jour 4: Yarmouth – Port Clyde, 92 km et 555m de D+
Oh là là! Des fois à vélo j’ai l’impression de vivre dix journées dans une!
Nous avons quitté Yarmouth sous la pluie, puis ça s’est calmé après 25 km, mais on a ensuite été mouillé toute la journée. Au moins, il faisait chaud, je n’ai donc pas grelotté dans mon linge détrempé, sauf sous l’air climatisé des épiceries ou des stations de service.
On aurait pu passer par un chemin dénommé The Scenic View, mais avec le début d’une douleur au genou et la grosse brume, je ne voyais pas l’intérêt d’ajouter 15-20km à ma journée! On a donc roulé principalement sur la grande route soit la 3 ou la 103. On a quand même aperçu de beaux paysages sous l’épaisse couche de brume. Ce doit être magnifique sous un ciel bleu!
Je ne sais pas si c’est grâce à la crème à chamois ou parce que mon cuissard était trempé, mais j’ai moins ressenti mes irritations aujourd’hui. Tant mieux! parce qu’un bobo n’attend pas l’autre, là c’est le genou qui semble souffrir d’un début de tendinite.
On a eu quelques péripéties, dont une crevaison pour Sam, et le seul resto du coin sur lequel on comptait pour souper est fermé le mardi.
Mais on a aussi fait de belles rencontres, dont ce couple de cyclistes de Seattle qui roulent depuis 10 mois entre les États-Unis, le Mexique et le Canada, ainsi que notre hôte au Bed and Breackfast, une artiste globetrotter tellement chaleureuse.
Je craignais ce matin que le vent du sud nous ferait maudire, finalement ce ne fut pas si pire! Une autre grosse journée nous attend demain, je suis un peu inquiète pour mon genou, alors je me permets d’espérer qu’on aura de belles poussées éoliennes dans le dos.
Je prie fort pour que mon linge lavé à la main soit sec d’ici demain matin! Sinon, j’emprunterai un séchoir à cheveux pour terminer la job de séchage!






Jour 5: Port-Clyde – Liverpool, 112km et 865m de D+ dans une chaleur torride par moments!
Oh yeah! On l’a fait
Vous dire à quel point on a été choyés chez Kim du B&B Studio 181. De belles conversations sur le voyage, le plein air et le sens de l’aventure, au creux d’un foyer chaleureux (sa maison a plus de 130 ans et regorge d’anecdotes!), sans parler du copieux déjeuner santé qu’elle nous a offert. Bref, une halte qui a fait du bien et qui m’a donné toute l’énergie nécessaire pour entamer cette grosse journée!
Malgré la chaleur et la distance, j’étais reconnaissante de rouler sous un ciel bleu. On a fait un petit détour ce matin, malgré la brume matinale, par la route scénique, mais on a finalement préféré reprendre la grande route pour se sauver d’un vingt kilomètre de plus.
La finale fut extraordinaire dans les derniers kilomètres sous une brise fraîche de l’océan! Je la sentais pénétrer chacune de mes pores!
À notre dernier arrêt au km 100, on a fait la rencontre d’un cycliste d’Halifax qui a déjà fait le tour du monde à vélo il y a quelques décennies. Les cyclistes par ici sont tellement sympathiques, ils prennent tous le temps de nous questionner sur notre voyage! Ils n’ont pas l’air trop préoccupés par leurs performances sur Strava.
J’aimerais aussi souligner l’amabilité des automobilistes et des truckers qui ralentissent lorsque l’on monte des côtes, qui nous saluent, qui nous klaxonnent gentiment ou qui nous laissent beaucoup d’espace lorsqu’ils nous dépassent!





Jour 6: Liverpool-Lunenburg, 62km, avec plusieurs petites et moyennes côtes, et de la grosse chaleur.
Le niveau de difficulté d’une journée de vélo, c’est parfois surtout juste une question de mental!
En nous voyant rouler sous le soleil cuisant, quelques néo-ecossais croisés s’exclamaient: Mais comment vous faites?! Well, un coup de pédale à la fois, et plusieurs pauses à l’ombre, quand c’est possible!
Après avoir roulé sur le bord de l’autoroute 103, on a bifurqué pour les 30 derniers kms sur la 3 en passant par Bridgewater. Je pensais que ce dernier tronçon serait plus agréable. Malheureusement, non.
On est passé devant plusieurs concessionnaires automobiles, on n’avait pas ou peu d’accotement, et des automobilistes, dont des pick ups, se montraient agressifs pour nous dépasser et passer à côté de nous. J’ai roulé très stressée, malgré les lacs qui bordaient la route. Je ne les trouve plus aussi aimables tout d’un coup!
Nous sommes arrivés tôt, vers 13h15, mais j’étais déjà épuisée. Depuis plusieurs mois j’ai des problèmes de santé, et l’un des symptômes ce sont des règles douloureuses et répétées: mon cycle est entre 12 et 16 jours. J’ai donc été menstruée au début de mon voyage au Nouveau-Brunswick, et ça recommencé aujourd’hui, avec tous les effets désagréables qui viennent avec (lourdeur, ballonnements, épuisement, souffle court et déprime). Bref, je ne me sens pas en super shape pour rouler.
Lunenburg est certainement une jolie ville colorée, mais elle déborde de touristes et c’est difficile d’avoir une place dans les restos. Il reste que Sam et moi on aime toujours autant se balader sur les quais et observer les bateaux, leur architecture et leur nom qui en disent parfois beaucoup sur leurs propriétaires et leur histoire.
*Ce que je pointe du doigt, c’est une belle oeuvre abstraite dessinée par le sel de ma sueur sur ma casquette.


Jour 7: Lunenburg-Windsor, 90km et 1000m de D+
On est parti tôt, vers 7h15, pour éviter de rouler trop longtemps sous le soleil cuisant. On l’a quand même pogné solide! Pour ma part, j’ai complété mon trajet à 14h15, je me suis arrêtée à Windsor, tandis que Sam s’est rendu jusqu’à Wolfville pour récupérer la voiture.
Disons que j’ai vécu une montagne russe d’émotions, passant d’un sentiment de douceur intérieur pendant que je longeais la jolie baie de Mahome dans la brume matinale, à de la colère noire après m’être trompé de chemins deux fois et avoir dû remonter des méchantes côtes qui arrachent!, à du découragement dans un chemin de côtes et de garnotte, à de la honte quand j’ai marché à côté de mon vélo sur 100 mètres parce que j’en arrachais trop, puis à du soulagement quand j’ai retrouvé la grande route 14, et enfin, à du Oh shit! Face à toutes les côtes qui m’attendaient sur celle-ci. J’ai adoré les dix derniers kilomètres avant Windsor, où le dénivelé était plat et le paysage composé de fermes et de vallons verts.
En prime, j’ai eu droit à un bel accueil glorieux à mon fil d’arrivée par Samuel qui m’attendait à l’intersection. Ça pris un p’tit moment avant que je le vois tout sourire m’applaudir. Il a fallu qu’une automobiliste me fasse signe de la main par son toit ouvert pour que je regarde dans sa direction. Elle s’est d’ailleurs joint à lui pour me féliciter! We are the champions!
Sur le chemin du retour, Samuel a fait jouer la fameuse chanson de Kate Bush: Running Up That Hill. J’ai terminé cette aventure la gorge serrée . S’il y a bien une chose que je reconnais enfin, c’est à quel point je suis dure envers moi-même. Ça m’a pris du temps à l’admettre parce que comme je suis à mille lieues des gens que j’admire, j’ai toujours le sentiment de manquer de tout: de détermination, de courage, de force ou de débrouillardise.
À toutes les personnes qui me suivent, merci pour nos échanges et votre support quand j’ai le moral dans les talons!


