2020 – Le Défi des 21 de Samuel Potvin

Le 4 juillet 2020 avait lieu la 6e édition du Défi des 21, la course cycliste la plus difficile au Québec: plus de 340 kilomètres à travers les côtes de Charlevoix et du Saguenay, avec une moyenne de 5000 mètres de dénivelé positif à gravir. Pour se classer, les participant.e.s doivent compléter le parcours en moins de 16 heures, sans quoi, ils-elles sont disqualifié.e.s. Fait intéressant: les hommes et les femmes sont dans la même catégorie: celles et ceux qui le terminent dans les temps ou non. Par ici pour lire le récit palpitant de Samuel Potvin lors de cette édition!

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PAR SAMUEL POTVIN

Récit Défi des 21 6ème édition | 342km, 5000m D+, 14h28, 11ème position.

Le Défi c’est le samedi, mais en vrai ça a commencé une bonne semaine avant. C’est toujours très délicat la préparation, il faut rouler pour ne pas tomber endormi, mais en même temps, il ne faut pas se brûler. Cette année, je me suis inscrit à la dernière minute, en remplacement d’un ami. L’avantage c’est que je n’ai pas stressé avec ça pendant des mois. Le désavantage c’est que je n’ai pas vraiment fait d’ultra distance cette saison. J’espérais que l’intensité et le repos compenseraient. Alors la stratégie c’était: on roule fort, un peu au-dessus de la zone de confort et on se croise les doigts que je tough. Ayant terminé déjà 2 fois l’épreuve, je me dis que je peux prendre des risques. Au pire, si je flanche j’aurai du temps pour m’en remettre.

Je commence donc la journée en force avec une moyenne de 27km/h. Rendu à Sagar, les premiers signes de faiblesse se font ressentir. C’est là que je me rends compte que la journée risque d’être longue. Malgré cette impression, le support de mes acolytes Benoît et Marie-Pier me redonne l’énergie nécessaire pour continuer. Rien de mieux qu’une sandwich et 2-3 gorgées de Kombucha au beau milieu de nulle part pour se revigorer.

La fraîcheur est toujours là rendue à Saint-Siméon. Avoir su qu’il ferait 41.8 ressenti dans la côte de la Sepaq à 15h, j’en aurais profité un peu plus. Ça mouline bien dans les côtes de St-Siméon, mais oups…la côte de St-Fidèle me ramasse! Ça m’inquiète après seulement 150km au compteur. Il m’en reste presque 200 à rouler. À mon souvenir, elle se faisait bien. Un ravito parfait avec un petit tour express aux toilettes me permet de pogner ma troisième vie. Je descends en fou furieux jusqu’à la côte du Casino. Je me brûle les yeux à force de dégoûter. Je suis trempé, mais je parviens à bien monter. En route vers les Éboulements je fais peau neuve et je change de maillot. Des accompagnateurs dans une pareille chaleur ça vaut cher!

Je rattrape un gaillard qui avait passé la journée devant moi et je tourne à pleine vitesse aux Éboulements. Mes accompagnateurs ne semblent pas m’avoir vu. Pas de réseau, je  ne peux ni les appeler ni les texter. J’espère qu’ils ne s’inquiètent pas trop. Ce sentiment fait vite place à: j’espère qu’ils reviennent bientôt. Les bidons sont presque à sec. Je suis une vraie éponge. Encore une fois, super timing de leur part, ils arrivent juste quand je tombais à sec.

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Cette année aucune retenue dans les descentes. Ça fait partie de la stratégie : profiter de la vitesse en descente pour gagner du temps. Alors la 138 se descend selon ce principe malgré le vent qui me brasse un peu dans les courbes.

St-Urbain: cette fois j’essaie de ne pas coller trop longtemps. Toilettes, dattes, sandwich, chips et hop je suis repartie. Ça l’air de s’être bien passé dit de même, mais avec le mal de coeur c’était un gros combat interne. Se forcer à manger et se forcer à repartir.

Ok, là je commence à manquer de dents sur ma cassette. Je suis carrément obligé d’être debout. Je me rends dans la côte de la Sepaq où je cuis littéralement. Malgré les sensations moyennes, c’est quand même là que je gagne plusieurs places au classement. Rendus en haut, plusieurs sont cramés et se sont arrêtés assez longtemps. Ça me motive, moi je ne veux pas arrêter. C’est peut-être la caféine dans les boissons qui commence à faire effet.

Je garde le moral en me disant que la « dernière » côte, celle de la galette est tout près. Sauf qu’elle n’arrive pas. Quand enfin j’arrive au pied de la côte, je dois absolument m’arrêter. Plus de liquide dans les bidons et plein de liquide à évacuer. C’est bon signe, je ne dois pas être déshydraté. Une petite barre Mars et hop! Bien que c’est pas du gâteau non plus, je la monte plus facilement que je l’aurais pensé.

Yeah! 9 kilomètres de descente! Je pense que le tour est joué et que ça va descendre tout le long maintenant, mais je me suis fais avoir encore cette année. Ça monte encore pas malm et avec le vent de face, les deux dernières côtes ultrarapides pour sortir du parc n’arrivent pas. Je finis par y arriver et je garde la même stratégie: descendre le plus vite possible. Cette année, j’atteins mon record personnel avec une pointe à 97.5km/h! Ça descend en ta! Sauf que l’aérodynamisme ça rentre dans le dos. J’y crois plus ou moins, mais je vise arriver à 19h30. Je pèse sur les pédales, position triathlon bien souvent. J’ai le dos en compote, mais je n’ai pas le choix. J’ai pas fait toute cette route pour ramollir dans le dernier droit. Je check mon compteur et je fais des calculs mentaux qui ne finissent plus. (339 – 298) / 26km/h ça donne quelle heure? Ce qui est bien avec ça c’est que pendant le calcul,  je ne pense pas trop à mon orteil gauche qui brûle, ma cheville droite qui barre, les lombaires qui crient quand je suis couché et les épaules meurtries. Bref, tout le monde se next pour me dire: c’est le temps que tu arrives bonhomme!

En plus ma famille m’attend à l’arrivée. Je ne peux pas les faire attendre ni les décevoir tsé. Ben et Marie me crient après, ça l’a un certain effet. En tout cas, à chaque re-calcul ça l’air d’être possible d’arriver à 19h30. Je vire à droite à Labaie puis là: grosse descente et vent de dos. Je vais l’avoir! Je calcule arriver à 19h25. Finalement j’arriverai à 342km, je pensais que c’était 339, alors je complète la boucle tout juste à 19h30. J’ai une délégation de crinqués à l’arrivée. J’ai l’impression d’être un Champion!

Merci Ben, Marie, Martine, Laval, Alice et Philippe!! Ah et tous les autres coureurs arrivés avant moi!

Je suis bien surpris d’apprendre que je suis classé 11ème. Ça fait changement de dernier.

Pour ceux qui ont l’impression qu’il faut être une machine pour faire cela, et bien je vous dirai qu’après ma douche, je me suis roulé en boule en grelottant pour finir par vomir trois fois. LE SPORT C’EST LA SANTÉ!

Bon après coup, je réussis à aller souper avec la gang de vélo et prendre ma dernière vie, probablement la neuvième de la journée. Je me couche, en espérant que demain j’en aurai besoin d’une seule.

Merci de me suivre et à je ne sais pas quand! J’attends l’ouverture des frontières pour un trip dans le Vermont ou en Espagne sur le versant espagnol des Pyrénées. Vous êtes super et votre soutien m’est très cher!

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