Le tour de l’Abitibi à vélo de Céline et MC

Juillet 2024 – Je me suis posé la question si cet été j’allais partager ou non des résumés et images de mes périples de vélo. Je vous épargne tous les détails de ma remise en question numérico-existentielle, car finalement,  j’ai décidé de partager de manière spontanée et sincère mon amour pour le territoire québécois.

Au fil des jours de notre tour de l’Abitibi, de plus en plus de personnes de la région se sont mises à suivre ma page Facebook Le blogue de MC. Ce commentaire déposé par une cycliste abitibienne m’a particulièrement touchée:

« Bravo pour votre parcours!!  Bon retour!!!  Effectivement que c’est assez rare d’avoir du tourisme à vélo par chez nous.  Espérons que votre trip aura su réveiller certains de nos décideurs sur le potentiel plein air et tourisme de notre belle région.  Moi en tout cas vous avez su me faire rêver d’une future Abitibi -Témiscamingue à vélo!! »

Si à ma micro-échelle je peux contribuer à redonner à l’Abitibi, je lève la main. Voici donc un résumé de notre voyage de cyclo-camping réalisé du 6 au 14 juillet 2024 avec Céline, une amie tout comme moi originaire des îles-de-la-Madeleine , désormais établie à Sherbrooke. 

Pour nous rendre en Abitibi, nous avons d’abord pris le bus jusqu’à Montréal, puis nous sommes montées à bord du train Via Rail en direction de Senneterre. Cette ville fut notre point de départ et d’arrivée pour une boucle de près de 500km en 9 jours, incluant deux journées de repos. 

Jour 1, Senneterre – Amos, 100km

Toute qu’une première journée de cyclocamping en Abitibi!  Après une courte nuit en wagon, plus ou moins confortable et agitée par des messieurs saouls et bavards, à 4h40am nous sommes  arrivées à Senneterre. Ce trajet ferroviaire, contrairement à celui entre Mtl-Campbellton ou Mtl-Moncton, n’offre que la classe économique. Il n’y a donc que des sièges qui se penchent timidement vers l’arrière. En sortant du train, après y avoir passé treize heures, alors que je me disais à moi-même du haut de mes 41 ans: « I’m too old for this shit » – il arrive que je me parle en anglais avec un gros accent québécois – j’aperçois une dame âgée de 87 ans s’étirer sur le banc de la gare. Elle affichait un grand sourire. Parties de Québec, elle et sa fille avaient fait plus de 18 heures de route en train et elles avaient beaucoup aimé l’expérience. J’ai ravalé mes lamentations!

À 5h18am nous étions prêtes à partir pour une épopée vers le Camping du Lac Beauchesne à Amos. Les quarante premiers kilomètres jusqu’à Barraute ont été un vrai charme. Il n’y a pas grand monde sur la route 386 le samedi entre 5h et 7h am! Nous sommes arrivées à l’ouverture du dépanneur où nous avons pris une longue pause déjeuner. 

Ça commencé à se corser quelques kilomètres plus loin, en tournant vers le chemin de gravier des rangs 4e et 5e E. Nous roulions depuis à peine dix minutes lorsque nous sommes tombées face à une première grosse flaque d’eau. Je devine qu’il avait dû pleuvoir les jours précédents et que les marais ont débordé dans les rangs. Conséquemment, nous avons dû faire des portages pour traverser les étendues d’eau dont la profondeur nous enfonçait parfois jusqu’à la hauteur mi-cuisse! Souvent, c’est Céline qui partait à l’avant vérifier la consistance du sol sous les eaux boueuses et la hauteur de celles-ci. Si j’avais été seule, j’aurais probablement fait marche arrière pour reprendre la route asphaltée, mais avec Céline, nous avons choisi le risque et l’aventure!

Voici les étapes pour le vélo-portage:

  • Changer ses souliers de vélo pour des chaussures légères, idéalement des sandales. Dans mon cas, contrairement à Céline, je n’en avais pas. Mes souliers de repos sont légers et sèchent rapidement mais ils « collaient » dans le fond boueux. J’ai d’ailleurs cru à certains moments qu’ils y resteraient et que je devrais terminer le portage nus pieds.
  • Retirer les bagages du vélo et traverser le p’tit lac avec le vélo à bout de bras.
  • Répéter cette besogne pour ramener ses sacoches de l’autre côté de l’étendue d’eau.

Cette opération nous l’avons fait près d’une dizaine de fois sur une distance de six ou sept kilomètres! J’ai sacré – c’est clair que j’ai fait de la peine au petit Jesus! – mais je me suis finalement résignée et j’en ai ri.

Pour nous libérer de la fatigue et du stress, nous avons plongé dans notre beau répertoire musical. Nous avons honoré La Chicane: « J’AI D-LA MISÈRE AU CALVAIREeeeee! « 

Petite pause pour évaluer la distance qu’il nous reste à parcourir avant de se sortir de ce rang maudit.

Une fois sorties du bois, c’est le cas de le dire, nous avons fait un second arrêt prolongé au magasin général de Landrienne. J’ai trainé à l’air climatisé et dans l’ambiance country des lieux. Quand « La chaine de mon tracteur » de Cayouche a jouée, je me sentais comme à mes dix-huit ans lorsque le DJ passait l’une de mes tounes au Bar des îles et que je criais pour la énième fois sur le dancefloor: C’EST MA TOUNE!

Pour les derniers kilomètres jusqu’à Amos, nous avons opté pour l’asphalte et un soleil cuisant! Nous avons boudé les propositions de cul-de-sac et de chemins de gravier de Googlemap et Ride my map. Nous nous sommes dit: assez de portage pour aujourd’hui! J’ai beaucoup aimé la piste cyclable d’Amos ( à mon souvenir sa longueur est de 6-7 km) vers le camping municipal qui nous fait passer à travers du boisé et des lacs.

Après une première journée à la fois excitante et éprouvante, nous étions reconnaissantes de l’accueil extraordinaire qui nous a été offert au camping municipal du Lac Beauchesne. Nous avons eu droit à une virée en 4 roues avec le responsable du site pour choisir notre emplacement! La plage est à quelques coups de pédale du camping. Une petite baignade nous a ressuscitées avant de retourner à notre campement préparer notre premier plat lyophilisé du voyage.  

À 19h50, chacune dans notre tente, nous étions prêtes à dormir! Quelle belle épopée pareil!

Jour 2, Plage municipal d’Amos – Parc national d’Aiguebelle, secteur Taschereau, 60km

Même si la distance à parcourir pour ce tronçon était courte, ce ne fut pas pour autant facile. Il y avait du faux plat montant sur une bonne partie de la route, nous avons eu droit à un vent de face, il faisait très chaud et les mouches à chevreuil ne me permettaient pas de ralentir pour attendre Céline qui peinait sous la chaleur. Je me suis fait mordre les fesses trois ou quatre fois en route! Au moins nous n’avons pas eu besoin de faire du portage! 

Pause nécessaire à l’ombre!
Il n’y a qu’en cyclovoyage que j’ai des envies de pogo!

La nature nous a permis de belles rencontres dans les dernières vingt-quatre heures, parmi celles-ci: un grand tétras, un lièvre, des crapauds, un huard, un grand héron en plein vol et un rouge gorge nourrissant son oisillon. Quant aux moustiques, il y en a, mais pas autant que ce que j’appréhendais. 

À l’arrivée au parc, nous avons eu une mauvaise surprise: un bris inexpliqué a coupé l’eau partout sur le site. Vous auriez dû me voir la tête lorsqu’on nous a annoncé qu’on n’aurait ni accès aux douches ni aux toilettes pour une durée indéterminée! Je devais avoir la mine de « memes » de Ben Affleck.

Pour les toilettes, on nous a proposé de remplir des seaux à même le lac pour pouvoir flusher. Quant à la douche, une baignade a fait la job! Le lac a donc été notre salle de bain et de lavage. Il n’y avait pas grand chose au petit dépanneur du parc, mais les bières locales sans alcool Gosebuster de la microbrasserie Le Trèfle noir qui nous ont été offertes comme prix de consolation ont été grandement appréciées! 

Une fois installées, rafraichies et rassasiées, nous avons pu apprécier le magnifique site d’Aiguebelle. On s’y sent en pleine nature. Nous étions presque seules. Ce n’est pas silencieux pour autant, on peut  y entendre le magnifique chant des huards, celui des grenouilles et de plein d’autres animaux que je ne suis pas en mesure d’identifier. 

C’est l’heure du lavage. Comme je traine peu de vêtements, il faut que je lave souvent.
Kit essentiel pour un repas relativement tranquille.

Jour 3, Journée de repos au parc national Aiguebelle

Il n’y a pas que le vélo dans la vie! Nous avons profité de notre journée de repos au parc pour se baigner, faire du canot, lire, et pour ma part, écrire des cartes postales à mes proches. De son côté, inspirée par tous les animaux sauvages rencontrés dans les derniers jours, Céline a sorti son pinceau pour faire des aquarelles. 

J’ai été mystifiée par un majestueux grand héron croisé à quelques reprises sur l’eau, et nous avons eu la visite d’un lièvre intrépide et gourmand de feuilles à quelques pas de notre spot d’art.

Vraiment. Il y a du beau en Abitibi! Les routes peuvent parfois sembler arides, mais il y a des petits bijoux naturels qui ponctuent le paysage. La nature abitibienne nous réserve plein de surprises et jusqu’à présent, nous n’avons pas eu besoin de porter notre filet de tête anti-moustiques pour en profiter. Ce n’est pas aussi pire que dans mes cauchemars. 

L’eau est également revenue au parc ce matin. Même si je peux m’en passer au besoin – des installations, pas de l’eau en tant que tel – j’avoue que j’aime bien prendre une douche et ne pas avoir à aller remplir un seau d’eau dans le lac pour flusher mon numéro 2 dans la toilette!  

Déjeuner traditionnel en cyclo-camping
Si vous regardez avec attention, vous apercevrez un magnifique grand héron.
Sur l’eau, c’est elle la boss du canot!
Notre lunch. Il y avait aussi des chips.

Jour 4, Parc national d’Aiguebelle – Colombourg, 53km

Nous avons été bénies par la vie! La pluie d’hier soir est tombée à notre heure de dodo, et elle a cessé un peu avant notre déjeuner! J’avais également prévu le coup: pour protéger nos vélos du déluge annoncé, nous les avons mis à l’abri dans la grande salle de bains du parc. Nous avons donc pu déjeuner au sec et repartir sur nos bicyclettes intactes. 

Malgré un vent de face sur une bonne partie de la route, le moral était bon autant pour Céline que pour moi! Nos deux tronçons préférés ont été entre Poularies et Macanic où on entre dans un paysage plus agricole – ça fait changement des murs de sapins et de bouleaux- puis celui en gravier vers Colombourg. Nous nous sommes réconciliées avec les chemins de gravelle.

Ce fut une journée de gros luxe : nous avons lunché et soupé au restaurant! Les portions des plats sont immenses par ici! Elle sont aussi généreuses que les gens. 

Nous avons eu tout qu’un accueil au gîte du Presbytère de Colombourg: des sucres à la crème faits maison nous attendaient et plein de petites attentions nous ont été offertes dans ce lieu enchanteur. Yolande, la co-propriétaire, en apprenant que Céline et moi sommes originaires des îles-de-la-Madeleine, nous a généreusement offert une balade en voiture sur l’île de Nepawa, située à environ 30km de Colombourg. Cette île a été colonisée par des madelinots en 1941 et elle porte encore des traces visibles de ses origines. Cette visite a été ponctuée de moments magiques. Outre l’arc-en-ciel au-dessus du cimetière et les magnifiques points de vue sur le lac Abitibi, nous avons croisé un troupeau de faons! 

Je me suis couchée avec le sourire aux lèvres, la bedaine pleine et le coeur ému de reconnaissance envers l’Abitibi. Ce qui me touche le plus, c’est la générosité, la curiosité et l’ouverture des gens que l’on y croise. Je comprends qu’il est assez inhabituel de rencontrer des cyclo-campeurs dans ce coin de pays, et les abitibien-nes semblent content-es qu’on voyage ainsi par chez-eux. 

Murale pour le centième de Poularies.
Trop contente d’avoir trouvé des toilettes publiques au parc municipal de Poularies!
Menoum! Lunch time à Macamic.

Jour 5, Colombourg – Rouyn – Noranda, 78km 

Après un déjeuner exceptionnel de trois services au gîte du Presbytère, nous avons repris la route vers Rouyn-Noranda. 

Sur les soixante-dix-huit kilomètres parcourus, il n’y a qu’un seul village pour se ravitailler: Ste-Germaine-Boulé, là où l’on trouve le plus grand rouet au monde (Record Guiness pis toute là!). Passé ce village, il n’y a rien – ni dépanneur ni station à essence – sur plus de quarante kilomètres jusqu’à Rouyn. 

C’est à partir de la 111 que c’est devenu plus difficile: il y a pas mal de côtes et de trafic dans ce coin-là! L’Abitibi, ce n’est pas un plat pays. Cependant ce ne sont pas des dénivelés aussi ardus que ceux de l’Estrie ou du Saguenay.

Le plus beau moment de notre journée – après le merveilleux déjeuner au mille confitures du Presbytère – est sans aucun doute l’accueil à Rouyn-Noranda de notre hôte Ariane rencontrée via la page Facebook « Viens piquer ta tente chez-nous! ». Cette artiste abitibienne chaleureuse, talentueuse et engagée, nous a plongé au coeur de la vie culturelle et politique de sa ville. Ariane nous a même offert des chambres pour la nuit, mais comme je suis allergique aux chats, j’ai  dû décliner. Céline, cette grande amoureuse des félins a pu en profiter. J’ai tout de même très bien dormi en tente dans sa charmante cour, sur un tapis de gazon moelleux. 

C’est incroyable le nombre de gens qui nous ont invité à venir camper dans leur cour suite à notre publication sur « Viens piquer ta tente chez-nous »! Elle a été re-partagée des dizaines de fois. On a même croisé trois ou quatre personnes au bar l’Abstracto à Rouyn qui l’avaient vu passer sur leurs réseaux sociaux:

– Oh! C’est vous les deux madames des îles à vélo?

Party….jusqu’à 22h! ah ah!

Jour 6, Rouyn – Noranda – Lac Normand, 50km 

La journée a commencé par un café avec notre hôte Ariane – en fait, pour ma part ce fut un thé, car je ne bois jamais de café – puis nous sommes allées rejoindre Béatriz Mediavilla, une collègue cinéaste – quand je ne fais pas du vélo, je travaille en cinéma documentaire – à la boulangerie St-Honoré. C’était bon et agréable, alors nous avons traîné tardivement sur la terrasse.

Moins de 24h à Rouyn et nous nous y sentions déjà familières. À peine rembarquées sur la route, Sébastien, le propriétaire de l’Abstracto rencontré la veille, nous saluait en nous dépassant en voiture. 

Depuis quelques jours, nous appréhendions le moment où nous devions prendre la route 117, surnommée la Sang 17, en raison du nombre d’accidents meurtriers. La portion entre Rouyn-Noranda et Malartic est très utilisée par les travailleurs et travailleuses des mines. On dit qu’ils sont souvent pressés et que leur conduite est parfois forte en Red Bull. En fin de compte, ça super bien été! Il y a du trafic mais l’accotement est large et les gros camionneurs – ceux qui chauffent des gros camions – sont la plupart du temps très sympathiques aux cyclistes. Fait à noter: il n’y a aucun point de ravitaillements et très peu d’ombre sur les cinquante kilomètres entre Rouyn et le Lac Normand. Les côtes et le soleil cuisant de midi ont été un défi, mais vu la courte distance, ce fut supportable.

Piste cyclable de Rouyn-Noranda.
L’ombre est une denrée rare sur la 117.

Le camping du Lac Beauchamp est un endroit très familial et reconnu en Abitibi. Nous sommes les seules tentes dans un village de VR, mais notre spot est joli et à l’ombre. Le lac est magnifique! L’eau est fraîche, propre et translucide. Plusieurs la trouvent froide, mais pour deux filles des îles, la température est parfaite, surtout après une chaude journée de vélo! 

Jour 7, Lac Normand – Camping municipal de Malartic, 40km

Les vingt premiers kilomètres nous ont ramenées sur la 117, or le gros fun a vraiment commencé sur le chemin Malartic puis sur la piste cyclable 4 saisons en gravier! Yahouuuu! C’est sans contredit l’un des plus beaux tronçons de notre voyage, une vraie petite perle cyclable bien aménagée. Nous y avons croisé seulement une coureuse et un cycliste, prénommé Bertrand. Nous avons échangé quelques mots avec celui-ci sur notre cyclovoyage. Il voyait bien qu’avec notre bagage nous n’étions pas là juste pour une petite sortie de vélo-maison. 

Arrivées tôt à Malartic, nous avons profité de l’après-midi pour aller visiter la fameuse mine avec le musée minéralogique de l’Abitibi-Témiscamingue. Comme la mine est à ciel ouvert, la visite a lieu sur le site dans un autobus scolaire jaune. Sans air climatisé et sous la grande chaleur, j’ai cru que j’allais fondre sur mon banc! Je recommande cette activité, les trous miniers sont vertigineux et les machines sont gigantesques, toutefois, peut-être éviter d’y aller sous un soleil cuisant de 35 degrés celsius! Un peu sonnée, j’ai retenu peu d’informations de notre visite guidée. 

On nous avait fortement recommandées le camping municipal de Malartic. Je dois avouer que ce ne fut pas mon emplacement favori du voyage. Quand j’ai appelé la veille pour réserver, il ne restait que deux emplacements, et j’ai opté pour celui à l’ombre. Nous étions finalement situées dans un drôle de spot, à une intersection entre deux sections de camping-cars où il restait peu de gazon sur le site. Nous avons dû planter nos tentes sur une terre aride et usée par le passage de voitures. J’imagine qu’il doit y avoir des emplacements plus intéressants si on réserve d’avance. Nous avons quand même grandement apprécié la piscine, la cafétéria et la salle de lavage! 

En soirée, alors que nous mangions notre souper lyophilisé sous la musique reggaeton et le cri des enfants excités par les glissades de mousse, nous avons croisé Josée Lapierre, une sympathique enseignante de Val d’Or qui suit ma page Facebook depuis quelques jours. C’est vraiment chouette quand les gens qui nous reconnaissent viennent nous parler de notre périple et de leur région! 

Jour 8, Malartic – Camping Le Huard (Senneterre), 78km 

J’ai eu une petite émotion ce matin-là sur la route 117 à la sortie de Malartic lorsqu’un gros groupe de femmes motocyclistes nous ont klaxonné et salué, les unes après les autres. Elles portaient toutes un t-shirt rose et certaines avaient décoré leur bolide de rubans et de pompons multicolores. J’ai alors senti une grosse vague de sororité. À qui la route? À nous la route!

L’une de nos belles surprises de la journée fut de recroiser Bertrand, le cycliste que nous avions rencontré la veille sur le haut d’une butte dans le chemin 4 saisons à Malartic. Cette fois, son épouse était venu le déposer sur le bord de la 117, son point de départ pour faire du pouce avec tout son matériel de vélo. Son objectif? Décoller sur ses deux roues de Grand Remous pour rouler jusqu’à Québec. Nous nous sommes arrêtées pour le saluer, échanger quelques mots et prendre une photo.  Dix minutes plus tard, il nous dépassait dans un pick-up blanc!

Somme toute, le trajet s’est bien passé même si j’étais fatiguée de ma courte nuit. Il y avait pas mal de maringouins sur notre terrain – une première depuis le début de notre voyage – et nos voisins de roulotte ont veillé tard. Au moins on a pu déjeuner en paix des moustiques et des couche-tards. J’ai donc pédalé avec le regard fixé sur l’asphalte.  

Nous avons clanché rapidement les 78km entre Malartic et le camping Le huard, avec un vent de dos pendant une bonne partie de la journée sur la 117. Il s’est ensuite mis à nous fouetter de côté lorsque nous avons viré sur la 113 vers Senneterre. Encore une fois, la météo a été notre meilleure alliée: le mur de pluie est tombé sur notre camping juste avant notre arrivée! 

Je tiens à souligner à quel point nous avons été bien accueillies par Louise, la propriétaire du camping. Elle a vite compris nos besoins. Initialement, notre terrain devait être situé au coeur du camping parmi les roulottes, mais elle a deviné notre fatigue, et nous a offert un autre spot plus intime et éloigné de l’action familiale. Comble de bonheur: elle nous a même prêté deux chaises de camping! Le gros luxe pour des cyclocampeuses. Avec un accès privé à la plage, en plus! 

Le Huard n’offre pas de service de dépanneur ni de cafétéria, mais la pourvoirie Obaska qui est situé à trois minutes de vélo de là, propose un menu pour le déjeuner et de la poutine jusqu’à 14h. Nous sommes arrivées juste à temps pour le last-call poutine de l’après-midi! L’une des campeuses de la pourvoirie nous a elle aussi reconnues après avoir vu passer sur Facebook notre appel sur « Viens piquer ta tente chez-nous » ! C’est fascinant! 

Au mois de juin, l’Abitibi a connu une invasion importante de chenilles. Elles sont devenues des papillons.

Jour 9, Camping Le Huard – gare de train (Senneterre), 23km 

Notre dernière journée a été de tout repos! Après avoir déjeuné à la pourvoirie, Céline et moi sommes revenues dans nos tentes pour faire une grosse sieste de 10h à midi. Nous sommes ensuite retournées dîner au camping Obaska, avant de reprendre la route jusqu’au sentier du rapide Chute à Grandmaison. L’endroit mérite un arrêt pour une petite marche le long de la rivière Bell. À partir de là, il ne nous restait plus que trois kilomètres avant le retour à la gare de Senneterre. 

Sur le chemin du retour, je me suis sentie à la fois fière de nous, reconnaissante envers les merveilleuses personnes rencontrées sur notre route, et un brin nostalgique, déjà! Près de 500km d’aventures et de bonheur au coeur de  l’Abitibi se sont ainsi conclus.

J’ai réalisé sur la route que le sens du travail pour moi est de vivre des choses à travers et hors celui-ci. Je ne travaille pas pour acheter des affaires, mais pour me réaliser et parfois même, me dépasser d’une aventure à une autre. Cette face-là, elle en a vécu en Abitibi, pis des belles à part de t’ça!

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