2004: Moi,à 21 ans, en train de faire du hitch hiking illégalement en Colombie-Britannique. Cet été-là, j’avais fait Montréal-BC en bus avec une amie, puis j’étais revenue seule sur le pouce, entre Osoyoos et les iles-de-la-Madeleine…ou presque. Ça faisait à peine quinze minutes que j’étais sur le bord du chemin, quand un Néo-écossais m’a embarquée. Inquiet qu’il m’arrive malheur sur la route, il m’avait prié de prendre l’autobus à ses frais. Je n’avais pas fait d’argent en faisant la cueillette de cerises, ma carte de crédit d’étudiante fauchée était loadée, mais j’étais déterminée à retourner aux îles! J’ai donc accepté son offre.
Cinq jours plus tard, je débarquais du CTMA à Cap-aux-Meules. Entre-temps, j’avais vendu quelques bijoux que je faisais sur la route pour passer le temps (je n’avais pas de cellulaire à l’époque) créés avec du fil de chanvre, des billes et des coquillages. On ne peut pas faire plus cliché d’une future anthropologue fraîchement diplômée d’un DEC en sciences humaines!
Une fois au Cap-aux-Meules, il fallait bien que je me rende à Sacabane. J’ai donc à nouveau fait du pouce en terrain connu. À ma grande surprise, c’est le camion de vidanges qui m’a embarquée. Il faut dire que ça faisait quelques jours que je me lavais à la mitaine dans les toilettes publiques. Les éboueurs ont même fait un détour sur leur run pour me déposer à la porte de la maison familiale!
Cette anecdote est l’une de mes favorites. Je l’ai retrouvée avec cette photo et tout ce qu’elle représente.
À la veille de mon trente-sixième anniversaire et au retour de mon dernier voyage en Italie, cette image et les souvenirs qui y sont associés m’amènent à réfléchir sur le sens de l’aventure. Je ne suis pas une personne nostalgique et je ne compte pas refaire la traversée du Canada avec des bas dans mes sandales ni sur le pouce ni avec Greyhound, mais, s’il y a une chose qui me fait peur du monde adulte : c’est le confort. Celui qui nous replie sur nous-mêmes, sur nos petites choses et dans nos grosses affaires.
Enfin.
Notre ère politique me fait peur et je cherche des ouvertures en moi d’abord, et chez les autres ensuite. J’ai encore le goût de l’aventure humaine, même si elle demande parfois de sortir de notre zone de confort. À la fin, ça fait de bonnes anecdotes à raconter.
