Je regardais récemment une entrevue avec Michel Serres sur comment rester jeune et bien vieillir dans sa tête. Je partage ses observations: on sur-évalue l’importance des performances physiques et l’apparence corporelle alors qu’on en accorde trop peu à la santé intellectuelle.
Dans les médias, on glorifie les personnes de 80 ans qui participent à des Ironman, mais quand parle t’on de celles et de ceux qui sortent de leur zone de confort intellectuel pour apprendre une nouvelle langue à 72ans, qui se plongent dans une lecture de Deleuze à 63ans ou qui s’obstinent à lire des auteur.e.s avec lesquels ils sont en désaccord pour le plaisir de comprendre différentes perspectives? Rarement. Peut-être parce que le marché n’a pas encore trouvé comment vendre le rêve d’une jeunesse intellectuelle en pharmacie ou chez le chirurgien? Ce qui se vend bien, se glorifie bien.
Or, rester jeune c’est beaucoup plus que d’avoir des cuisses fermes ou de courir un marathon. La jeunesse n’a pas de date de péremption ni d’IMC. Être jeune, selon M.Serres, c’est avoir un esprit vif et souple. Malheureusement, il existe des p’tits vieux de 20 ans qui sont plus conservateurs que le pape et dont l’esprit rigide est imperméable à toute nouvelle connaissance. Leur manque de souplesse intellectuelle et de curiosité est un signe de vieillesse prématurée. Je vous le dis.
Pour ma part, je suis dans une passe de littérature anglophone. Je lis des vieilles affaires anglaises (Woolf, Dickens…) qui me gardent jeune. Ça n’améliore pas mon accent mais c’est un bel exercice linguistique pour mes neurones. Passer à travers Mrs Dalloway est mon triathlon cérébral!